16è édition du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca (SIEL)
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A) Table ronde
Horaires |
Activité Mardi 16 février 2010 |
18 :00 |
Ecritures pionnières, avec
Abdellatif Laâbi, Colette Fellous, Anouar Benmalek, Abdelwahab Meddeb Modérateur : Nourredine Bousfiha |
Au Fait:
(quotidien), S.B, 17 février 2010: "...Faisant
également sienne ce “peu de profondeur historique” de la littérature maghrébine,
l’écrivain algérien et “potentiellement marocain et je m’en félicite”, Anouar
Benmalek estime pour sa part que “nous sommes encore dans le temps des
pionniers. Le risque d’écrire est toujours bien réel”. L’auteur du
Rapt, paru chez Fayard (Paris) fin 2009, en veut
pour preuve le prix qu’a dû payer son voisin du jour, Abdellatif Laabi, pour son
droit à la parole libre et celui payé encore plus récemment par les écrivains
algériens durant les années 90, la décennie noire du terrorisme islamiste.Outre
ce point de vue partagé, les deux hommes de lettres revendiquent “le droit de
parler, le droit au plaisir de l’écriture” en dehors de toute étiquette purement
patriotique..."
B) Invité, le 17 février 2010, de la rédaction du quotidien casablancais Au Fait: écriture de l'éditorial et commentaires sur l'actualité.
Éditorial: De l’unicité à partir de la multiplicité…
Quelle étrange sensation de se retrouver au Maroc, vingt ans après une dernière visite, et de participer à une discussion sur la notion d’identité nationale, pour quelqu’un qui est, par ses documents administratifs, à la fois Algérien et Français, et, de surcroît, depuis une certaine loi, « potentiellement » marocain puisque sa mère, elle, est citoyenne de ce pays et que lui-même y est né !
Trop-plein d’identités, allégeances « patriotiques » douteuses puisque multiples, cinquièmes colonnes de l’un ou de l’autre pays, etc., rétorqueraient les grincheux ou les sectateurs de la pureté identitaire tout prix.
Peut-être… encore que je n’aie jamais eu autant la sensation de réconcilier les diverses apports conflictuelles que l’histoire m’a légués à ma naissance (sans m’en demander la permission, évidemment) que depuis que je possède les deux nationalités, algérienne et française, les deux étant devenues également essentielles pour moi à présent… Je vais même oser les grands mots et le pathos à la limite du ridicule : je crois ainsi travailler, à ma minuscule échelle, à réconcilier ces deux grands pays que sont l’Algérie et la France… En attendant, qui sait ? de réclamer la nationalité du pays de ma naissance et de contribuer, même de manière lilliputienne (mais où va donc la prétention des écrivains de nos jours, ma bonne dame !), à normaliser les relations entre ces deux nations qui sont si chères à mon coeur, la patrie de mon père et la patrie de ma mère, l’Algérie et le Maroc…
L’ambition d’être soi-même en se revendiquant multiple dérange souvent. Il est plus simple d’être simple, et plus compliqué d’être compliqué, remarqueraient avec quelque raison les humoristes. Cette ambition fut pourtant, si on relit bien les livres d’histoire, la raison principale du succès fulgurant de l’Andalousie de la grande époque. L’abandon de cette ambition par les protagonistes de tous bords de la péninsule ibérique signera le début de la fin pour une civilisation qui avait si bien su, pendant un merveilleux moment de l’histoire de l’humanité, intégrer l’unique et le multiple.
En fait, je ne suis « un » et complètement « un » que parce que je suis « plusieurs » et que je vis cette situation comme un bonheur et non comme une malédiction. Quand je me trouve en Algérie, je suis chez moi bien sûr (même si certains fanatiques détestant mes livres peuvent y trouver à redire…). En France, je me sens maintenant, après quelques années de séjour, à la maison. Eh bien, figurez-vous que c’est cette drôle de sensation un peu déroutante qui m’a étreint hier à mon arrivée à Casablanca… (Anouar Benmalek)