L’auteur des Amants désunis, de l’Enfant du peuple ancien, de Ô Maria et du Rapt, Anouar Benmalek, se distingue de nouveau avec son dernier roman Tu ne mourras plus demain, paru aux éditions Fayard, qu’il a présenté au grand public au Salon international du livre d’Alger.
L’œuvre
d’Anouar Benmalek est un récit poignant, par lequel il a essayé de présenter
la seule et dernière preuve d’amour et d’affection pour une personne trop
chère mais qui ne pourra, hélas, plus l’entendre. « Ma généalogie est un
roman. Mais aujourd’hui maman est morte, et le seul roman que j’aimerais
écrire, c’est celui de l’amour que je ne lui ai pas assez manifesté. Je
croyais avoir tout le temps pour le faire et que ma mère s’éternisera, mais
je me suis trompé, » déclare-t-il, tout en ajoutant que ce roman ne relève
pas de sa vie personnelle. Ce n’est pas une autobiographie intime, mais
d’une situation désolante vécue et dont il dit avoir la difficulté à la
définir dans son dernier livre. « Jamais un texte ne fut plus imprévu pour
moi ni plus dur et, simultanément, plus doux quoique amère à écrire. Ce
livre n’est certainement pas une autobiographie, je ne pense pas que ma vie
personnelle soit à ce point captivante qu’il soit impératif de l’exposer au
grand public. Cependant, qu’y a-t-il de plus intime que les sentiments que
l’on porte à ses parents et, en particulier, à sa mère ! » souligne-t-il.
L’auteur lance un appel à tous ceux qui se privent de déclarer leur
affection à leurs parents et surtout à leur mère, de le faire pendant qu’il
en est encore temps. Il regrette toutes les fois où il ne l’a pas fait pour
sa maman. « Nous avons tous une mère que nous perdrons un jour. Si nous
avons de la chance, cette mère, son existence durant, nous a follement aimé,
sans condition aucune, au point d’être prête à sacrifier sa vie malgré notre
ingratitude, nos défauts, nos oublis, notre indifférence parfois. Pourquoi
alors nous nous privons de lui transmettre et de lui faire sentir à quel
point nous l’aimions et à quel point sa présence nous était indispensable.
Il faut toujours se rendre à l’évidence que la vie va tellement vite,
qu’elle passe sans que nous nous apercevions de sa valeur. Alors il faut
profiter de chaque moment et dire à ceux qui nous sont chers, que nous les
aimons, affirme-t-il. L’auteur ne se limite pas à l’amour d’une mère qu’il
a perdue et il ne reste pas captif de ce triste chagrin. Bien au contraire,
il évoque également des situations alarmantes du vécu social dans notre
pays. Il y retrouve, en retraçant douloureusement la vie de celle à qui il
doit la vie, les thèmes qui hantent son œuvre depuis toujours : la misère
des origines, le racisme, l’intolérance, et le combat infatigable contre
l’absurdité intrinsèque de l’existence, avec un attachement à l’espérance
et la bonté. Le combat quotidien des citoyens algériens contre une dure
quotidienneté avec les différentes directions, les hôpitaux, etc. Il
décrit ce vécu pénible et douloureux des Algériens.
Anouar Benmalek trouve toujours un refuge dans l’écriture, il retrace aussi
la période d’indignité relevant de l’époque coloniale, très importante pour
nos parents. « Il ne faut jamais oublier que nous n’étions même pas
considérés comme des êtres humains à part entière. Il est aussi important
de dire que les régimes qui se sont succédé à la tête du pays n’ont pas
fait œuvre utile, mais rien n’est comparable à un régime aussi indigne que
le colonialisme », tient-il à préciser avant d’ajouter : « Je voulais aussi
parler de cette Algérie qui aime et hait en même temps ses enfants, qui est
égoïste et cruelle mais qui est nôtre. Alors je parle de ma génitrice et de
ma deuxième mère qui est l’Algérie ». Par ailleurs Anouar Benmalek fait le
souhait d’une vie meilleure pour tout le monde, pleine de respect, de droit
et de dignité. Il exhorte aussi les jeunes à aimer le savoir et la lecture.
Kafia Ait Allouache