Anouar Benmalek, écrivain et humaniste : « Nous sommes tous banalement pareils. »

L’auteur sera à Lombez samedi 24 novembre à la salle de la Ramondère à partir de 18 h30.

 

     « On me présente comme un écrivain algérien et c’est vrai, mais pourquoi accoler systématiquement les deux états ? » Il y a une connotation restrictive qui ne colle pas avec Anouar Benmalek. Son envergure déployée au fil de ses romans dépasse les frontières. Un père Algérien, une mère Marocaine, une grand-mère Suisse (qui lui a inspiré « Les amants désunis »), une arrière grand-mère ancienne esclave mauritanienne voilà de quoi élargir l’horizon ! Sa formation de scientifique et d’humaniste font de lui un homme de partout et de nulle part :     « J’ai une notion de l’espèce… et en tant qu’espèce nous sommes contingents. »

    Une notion forte qui imprègne son œuvre. La mort y est prégnante. Et la cruauté. Il a abordé le thème de l’aborigène, à la suite de sa découverte du génocide: «L’aspect exotique a disparu. On enlève les  oripeaux et on retrouve l’homo sapiens. Nous sommes tous  banalement les mêmes, »dit-il se référant à son roman : «L’enfant du peuple ancien » (Fayard),  prochainement adapté au cinéma, qui l’a conduit en Australie où il a été reçu comme un spécialiste de la question aborigène : « J’ai même reçu un mot de l’anthropologue Barbara Glowczewski, spécialiste du sujet ! Moi, j’ai simplement démontré comment je réagis en tant qu’humain face  à un événement extraordinaire. »

    Ecrire, quelle angoisse ! Et lire ses livres… que d’émotions complexes ! « L’écriture, on en tire une sorte d’éthique qui vous pousse à sortir le meilleur de vous-même : j’étais mieux quand j’étais un "athée de littérature" ! » L’exigence d’Anouar Benmalek le hausse au sacré. Et… à la modestie ! Quand il n’écrit pas, il se « sent coupable ». Mais c’est  pire quand il commence une œuvre : « Est-ce que ça en vaut le coup ? » Cet aspect tourmenté de l’écrivain transpire dans chacun de ses livres et se communique au lecteur. Dans « Ce jour viendra », il traite d’un sujet de plus en plus brûlant : la génétique, le clonage.

    Cet homme qui avoue se sentir agressé par sa propre écriture, qui parle de l’amour comme personne, dépeint les hommes avec un tel réalisme qu’il est impossible de ne pas se retrouver dans ses personnages pourtant extrêmes mais si touchants, inventés mais nourris de tant d’humanité!

 

Légende photo : « On a la vérité dure du monde mais il nous reste la rencontre qui donne vie, la vie, une espèce de rire dans notre désespoir… »

                                                                                                                                                             Maia Alonso , 22/11/2007