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Les Amants désunis
d’Anouar Benmalek
Ed. Calmann-Lévy, 1998, 338 p., 120 FF.
Fayçal Chehat
publié le 17/01/2002

 

 

 

 

        Quelle mystérieuse attraction a poussé la vieille Anna (une Suissesse) à revenir dans un pays où elle avait vécu quarante auparavant et qui lui avait ravi deux de ses enfants tués par les résistants de l’ALN pour punir l’hypothétique trahison de leur père algérien ? Oui, quelle mystérieuse lumière a guidé ses pas sur les traces censées la mener jusqu’aux tombes de Mehdi et Myriem ? Dans un pays troublé, inquiet et inquiétant, Anna va trouver l’aide à la fois précieuse et fragile de Jallal, un enfant des rues âgé de neuf printemps seulement. La quête du souvenir et de l’hommage tourne vite au drame. La vieille mère éplorée et le gamin sont pris dans la tourmente de la violence terroriste. Commence alors une lente et longue descente aux enfers. Jallal et Anna finiront par échapper à la folie de leurs ravisseurs après une intervention musclée et incendiaire de l’armée dans la forêt... Ce retour en Algérie, n’est pas que désespoir : Anna a pu revoir Nasreddine, son mari, qu’elle rencontra au lendemain de la seconde guerre mondiale alors qu’elle effectuait une tournée avec le cirque Nee où elle évoluait comme acrobate. Le retour sur cette passion amoureuse permet à l’auteur de revenir sur une autre blessure douloureuse de son pays : la guerre contre le colonialisme. Comme si l’histoire se répétait, comme si l’Algérie, pays d’ombre et de lumière, était condamnée à subir d’une façon cyclique les retombées de la folie des hommes. Une belle histoire, une narration remarquable et un style sobre et convaincant.

 

Fayçal Chehat
publié le 17/01/2002